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Le budget favorise Facebook plutôt que le journalisme canadien fiable

Le journalisme canadien est en chute libre et les conséquences pour la démocratie, sérieuses.

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19 mars 2019Le budget favorise Facebook plutôt que le journalisme canadien fiable

Ottawa – Le journalisme canadien est en chute libre et les conséquences pour la démocratie, sérieuses. Le budget d’aujourd’hui fait fi de cette réalité et démontre l’inconscience du gouvernement Trudeau face à l’ampleur de cette crise et de ses conséquences.

Depuis son budget de 2018, à plusieurs reprises, le gouvernement a promis une aide aux médias qui présentait plusieurs lacunes et à laquelle les Conservateurs s’opposent.

« Le gouvernement insiste sur le fait qu’il a bel et bien un plan pour soutenir les journalistes canadiens, mais M. Trudeau aimerait leur faire parvenir l’aide promise via des chèques postdatés. Le problème étant que les libéraux risquent de ne pas être au pouvoir quand viendra le temps d’encaisser lesdits chèques », déplore Daniel Bernhard, directeur général du groupe de surveillance Les AMIS de la radiodiffusion.

De plus, ce budget ne propose rien pour remédier à la brèche dans la Loi de l’impôt sur le revenu, qui encourage les revenus publicitaires à fuir nos institutions médiatiques pour se diriger en grande partie vers les coffres de la Silicon Valley. Cette situation favorise les plateformes en lignes comme Google et Facebook, qui ne contribuent pas au contenu journalistique canadien, au détriment de nos institutions médiatiques.

« Les plateformes telles que Facebook supplantent, mais ne remplacent pas, le journalisme canadien » affirme Daniel Bernhard, directeur général du groupe sentinelle les AMIS de la radiodiffusion. « Monsieur Trudeau lance des paroles sur l’importance du journalisme et de la démocratie alors qu’il se range silencieusement du côté de compagnies, telles que Facebook, qui polluent notre démocratie. Ces compagnies tirent grand profit de l’inaction du Canada et, ce faisant, elles asphyxient le journalisme canadien. »

Le Canada a perdu près de 20 000 emplois en journalisme depuis 2006. Les monopoles américains comme Google et Facebook détournent annuellement des médias canadiens près de 6 milliards de dollars en revenus publicitaires.

La politique fiscale fédérale empire le problème. Depuis les années 1960, la Loi de l’impôt sur le revenu limitait la déductibilité des dépenses de publicité étrangère pour inciter les annonceurs à acheter canadien. Mais une brèche permet aux médias numériques étrangers comme Google et Facebook d’échapper à cette disposition. Ces deux compagnies contrôlent maintenant 80% du marché publicitaire numérique canadien. Malgré les recommandations du Comité permanent du patrimoine canadien et celles du comité du Sénat sur les Transports et des communications, le gouvernement n’a pas expliqué ses raisons de maintenir la brèche fiscale pour la publicité en ligne, qui a coûté 1,6 milliard de dollars aux contribuables canadiens en 2018.

« Depuis plusieurs années, Facebook travaille dans l’ombre pour influencer les gouvernements Harper et Trudeau. Ses manigances semblent porter fruit », renchérit Bernhard. « Monsieur Trudeau a la déconcertante habitude de s’incliner devant les monopoles de la Silicon Valley. »

Le gouvernement n’exige pas que les éditeurs comme Facebook suivent les mêmes règles que les autres éditeurs canadiens, ni qu’ils perçoivent les taxes de ventes ou qu’ils paient de l’impôt sur le revenu. D’autres géants technologiques connaissent aussi des exemptions semblables. Par exemple, contrairement aux autres radiodiffuseurs, Netflix n’est pas tenu de financer le contenu canadien. Le bouquet d’exemptions et de subventions dont jouissent Facebook, Google et Netflix a atteint une valeur de 2,75 milliards de dollars en 2018 – 250% de ce qu’Ottawa investit dans Radio-Canada.

À l’initiative des AMIS, des campagnes électorales locales sont lancées dans vingt-cinq circonscriptions pivot abritant au moins 1000 foyers de sympathisants. Ces campagnes témoigneront du profond appui des citoyens envers le journalisme professionnel canadien et les histoires de chez nous, ainsi que de la grande volonté publique de mettre fin au traitement de faveur de la Silicon Valley.

*Les AMIS est un groupe sentinelle non partisan qui veille à ce que notre voix soit libre et forte, sur les ondes et en ligne. Les AMIS n’est affilié à aucun diffuseur ni parti politique. *

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